En France, le plus gros vivier d’emplois vient des entreprises familiales. En effet, ces entreprises ont une croissance bien supérieure à la moyenne et elles constituent 83 % des entreprises françaises. Cependant, le management, la gouvernance et la transmission d’une entreprise familiale sont les grosses difficultés qui peuvent anéantir la pérennité de celle-ci. Pour que cette dernière puisse relever les nombreux défis auxquels elle se retrouve confrontée au fil du temps, il est alors primordial de respecter certaines règles. Voici des informations détaillées sur les actions que doivent mener les dirigeants d’une entreprise familiale afin de garantir sa pérennité.
Mieux comprendre le concept d’entreprise familiale
L’entreprise familiale peut être définie comme étant une société qui est sous le contrôle réel d’un individu ou d’une famille. Au sein de ce type d’entreprise, au moins deux parents ou deux personnes issues d’une même famille sont engagés. Notons qu’au moins un des membres de cette famille devra être engagé en tant que détenteur de contrôle individuel. Les autres membres pourront quant à eux tenir le rôle de dirigeant, d’actionnaire ou encore d’employé. Ce modèle d’entreprise présente bien évidemment de multiples avantages et des inconvénients.
Les avantages
Au nombre des principauxavantages que présente ce modèle d’entreprise, l’on pourra citer entre autres :
- L’engagement profond et la loyauté à l’entreprise ;
- L’intégrité et la continuité dans la politique et les objectifs de la société ;
- La présence au sein de l’entreprise d’actionnaires homogènes ;
- L’importance indéniable des ressources familiales.
Les inconvénients
Comme l’on peut s’y attendre, l’un des principaux inconvénients de ce type d’entreprise demeure la survenance de conflits fréquents entre l’entreprise et les différents membres de la famille qui l’ont créé et qui y travaillent. Dans certains cas, les conflits qui naissent au sein de l’entreprise ont un important impact sur les relations qui existent entre les membres de la famille. Le risque de népotisme est aussi très élevé dans une entreprise familiale. Lorsqu’il est par ailleurs question d’une entreprise dont la direction est assurée par le fondateur, la gestion sur le court terme demeure elle aussi un problème non négligeable.
S’appuyer sur des collaborateurs externes
Les entreprises familiales représentent la moitié du PIB français, et elles symbolisent un modèle économique et managérial bien spécifique.
En effet, le management en famille doit s’harmoniser afin de réussir à collaborer avec des salariés externes. Il est parfois difficile dans une entreprise familiale de déléguer des tâches importantes à des collaborateurs externes. Notons que certains dirigeants préfèrent que les plus importantes soient attribuées à des membres de la famille. Ceci n’est cependant pas la solution, car il est primordial que les rôles puissent être attribués au mérite et pas forcément à une personne qui a la chance de faire partie de la famille qui a créé l’entreprise. Ceci est l’une des principales difficultés que rencontrent les entreprises familiales. S’il craint que son évolution puisse être freinée par certains membres de la famille à laquelle appartient l’entreprise, un collaborateur qualifié peut donc avoir peur de s’engager dans ce type d’entreprise. Pour éviter ce type de situation, il faudra alors mettre en place une politique qui rassure les salariés sur l’impartialité du traitement de l’ensemble des collaborateurs.
Communiquer, s’écouter et désamorcer les tensions familiales
Dans la mesure où il peut exister de nombreuses tensions entre les différents collaborateurs d’une entreprise familiale, le management en famille est en général assez compliqué. Outre les conflits familiaux évoqués plus hauts, les questions relatives à l’utilisation des profits ou à la rémunération de chaque salarié peuvent elles aussi engendrer des problèmes. Pour limiter le plus possible la survenance de ces divers problèmes, il est le plus souvent conseillé de recruter des collaborateurs externes. L’avantage de travailler avec des collaborateurs externes bien intégré et respecté par les membres de la famille est qu’ils peuvent le plus souvent se révéler utiles pour le désamorçage de toutes les sources de conflits. Lorsque la situation l’exige, ils jouent aussi jouer le rôle de médiateur.
Mettre en place un conseil de famille
Si l’entreprise familiale se trouve encore au stade nucléaire, il est préférable de commencer par des réunions informelles qui se déroulent par exemple autour d’un diner. Cependant, au fur et à mesure que la famille s’agrandit et que ladite entreprise se développe, il est indispensable que les réunions soient mieux structurées et qu’elles prennent un caractère beaucoup plus officiel. Il faut préciser ici que le conseil de famille est un organe qui ne dépend pas du conseil d’administration de la société. Son but principal est de permettre aux membres de la famille qui font également partie de l’entreprise de se réunir de manière régulière afin de discuter en toute liberté des nombreux enjeux qui ont un lien avec leur relation avec la société. Durant la tenue d’un conseil de famille, il sera notamment possible d’aborder des sujets relatifs à la relève de la société ou au règlement des divers conflits qui ont pu naitre entre les membres.
Préserver les valeurs de l’entreprise tout en innovant
L’innovation joue un rôle important dans l’évolution de toutes les entreprises. L’entreprise familiale a une image paternaliste et vétuste, mais cela ne l’empêche pas d’être à la pointe de l’innovation. L’idéal ici est de toujours garder les valeurs de l’entreprise et de réussir à les adapter avec son temps. Avec l’arrivée des nouvelles générations dans l’entreprise familiale, de nombreuses innovations pourront être proposées au dirigeant. Cependant, si ce dernier est de la génération précédente, il risque de ne pas donner son accord pour le démarrage de nouveaux projets qui lui semblent trop audacieux par exemple. La solution serait alors de faire intervenir des consultants externes afin de lui montrer le bien-fondé de l’idée. La nouvelle génération n’étant en effet pas assez crédible aux yeux des dirigeants issus de l’ancienne génération, ces derniers opteront dans bien des cas pour la consultation de divers experts avant de se décider à valider un innovant projet.
Gérer efficacement les conflits et les périodes de crise
Outre le fait qu’ils seront à la base de profonds malaises au sein de l’entreprise, certaines divergences d’opinions peuvent aussi créer des blocages qui au fil du temps affecteront aussi bien les membres de la famille que les différents autres employés de la société.
Le plus souvent, l’on identifie les trois sources de discorde ci-après :
- La détermination de l’équipe dirigeante ;
- L’insuffisante préparation de la succession ;
- Les priorités entre les membres passifs et ceux actifs de la famille.
Pour éviter que des conflits qui risqueraient de conduire l’entreprise à sa perte ne puissent naitre, il importe alors que le dirigeant prenne au plus tôt et avec objectivité les décisions qui s’imposent.
Fixer les règles de succession et de transmission dès le départ
Selon les résultats d’une étude effectuée par le cabinet PWC, la majorité des dirigeants des entreprises familiales éprouvent le besoin de passer le relais aux générations suivantes. La succession étant cependant le talon d’Achille de ce modèle d’entreprise, elle est en général difficile à surmonter, notamment lorsqu’elle n’est pas anticipée. Dans la mesure où d’importants conflits peuvent en découler, elle conduit dans bien des cas l’entreprise à sa perte. Pour éviter cet état de choses, il est alors primordial de la préparer en amont tout en prévoyant une série de processus et d’accords qui devront être mis en œuvre au moment idéal. Afin de ne pas échouer avec la prochaine génération, il faudra planifier et identifier sans tarder le futur repreneur. L’on pourra pour ce faire mener les actions suivantes :
- établir un plan de succession détaillé;
- élaborer une charte familiale;
- préparer la transmission du capital social ainsi que les autres questions liées à la fiscalité de l’entreprise.
L’anticipation est nécessaire ici, car avec un manque de préparation, de nombreuses entreprises familiales échouent lors du passage de témoin.
Installer au mieux les différents organes de direction
Même si elle compte en son sein plusieurs collaborateurs issus d’une même famille, une entreprise familiale demeure une entreprise comme toutes les autres. En parallèle du conseil de famille, il s’avère alors indispensable de mettre aussi en place :
- un conseil d’administration ;
- ou alors un conseil de surveillance et un directoire.
En général, l’on confie le poste de dirigeant à l’un des membres de la famille, notamment le patriarche. Ce poste peut toutefois être occupé par un tiers. Ce dernier disposera alors de l’objectivité et de l’indépendance nécessaires, ce qui lui permettra de privilégier aisément les intérêts de l’entreprise plutôt que ceux de la famille.
Rester professionnel et voir au-delà de la famille
Pour que la pérennité d’une entreprise familiale puisse être assurée, il est primordial de demeurer professionnel en toutes circonstances. Pour y parvenir, il faut garder à l’esprit que le business n’est aucunement une affaire de famille. Lorsqu’ils se trouvent au cœur de l’entreprise, les membres de la famille devront donc garder leurs distances et adopter un comportement professionnel. Ils devront également éviter d’avoir des gestes affectueux ou des conversations privées en présence de leurs collaborateurs. De même, les problèmes familiaux ne doivent en aucun cas être résolus dans le cadre professionnel. Pour avoir par ailleurs l’assurance de faire évoluer la société, les dirigeants de la société familiale ne doivent pas hésiter à recruter des collaborateurs externes qualifiés au détriment des membres de leurs familles qui ne disposent pas des compétences requises. Pour que les employés puissent être assurés du fait que personne n’est privilégié, il est en outre conseillé de recruter un manager externe. Ce dernier se chargera notamment de la gestion des employés en question. Puisqu’il demeure neutre, il ne pourra alors prendre parti pour aucun membre de la famille.
Opter pour d’adéquats modes de financement
Pour qu’une entreprise familiale puisse être pérenne, il est primordial que ses dirigeants se tournent vers des modes de financement adaptés. Aussi bien les actionnaires extérieurs que les membres de la famille devront donc procéder avec précision à la définition de la manière dont les bénéfices obtenus seront affectés. Dans le présent cas, l’on aura le choix entre deux solutions à savoir :
- La distribution des dividendes ;
- Le renforcement des capacités d’autofinancement de la société. Pour cela, il faudra opter pour le financement des investissements en procédant à la réinjection des bénéfices qui ont été obtenus.
Cette deuxième solution est la plupart du temps privilégiée par beaucoup d’entreprises familiales. Cependant, lorsque sa maitrise est parfaite, le financement externe (obligations, crédits bancaires ou encore placements financiers) peut lui aussi être avantageux et surtout très efficace.
Source: Indice RH