Le taux de roulement toujours en progression au Québec
23 avril 2019
En augmentation progressive au Québec, le taux de roulement touche une moyenne de 24,4% tous secteurs confondus, selon le plus récent Baromètre RH de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA). Si certains domaines d’emploi sont plus sensibles, celui des communications marketing ne fait pas exception à cette réalité bien enracinée dans le marché du travail.
«Les générations précédentes valorisaient la fidélité et la sécurité dans le travail. Aujourd’hui, c’est l’employabilité qui domine», dit Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés. Plusieurs facteurs interviennent dans l’accélération du taux de roulement, qui n’est toutefois pas exclusif à l’arrivée des millénariaux sur le marché du travail. «La courbe augmente pour toutes les générations», dit-elle.
«BEAUCOUP DE PERSONNES DANS L’INDUSTRIE SE QUESTIONNENT QUANT À L’AVENIR DE LEUR MÉTIER.» – Alex Lefebvre
Les travailleurs veulent demeurer pertinents sur le marché. Ils souhaitent développer leurs compétences et leurs outils. Ils doivent voir leur carrière progresser. Ce contexte, doublé à la pénurie de main d’œuvre, rend les gens plus mobiles, selon Manon Poirier. Le Baromètre RH estime à 24,4% le taux de roulement des employés du secteur des services professionnels, scientifiques et techniques, lequel comprend le domaine des communications et du marketing.
Comment, dans ce contexte, retenir ses employés?
Depuis l’ouverture du bureau montréalais de l’agence Rethink il y a 4 ans, une seule personne a quitté volontairement la boîte «à la recherche de nouveaux défis», explique Alex Lefebvre, directeur et associé principal de Rethink. (Il s’agit de la raison principale au taux de roulement volontaire, à 62,2%.)
L’industrie des communications et du marketing est assujettie à de profonds changements: les budgets diminuent à mesure que les services offerts s’élargissent et les effectifs doivent être toujours plus polyvalents. «Beaucoup de personnes dans l’industrie se questionnent quant à l’avenir de leur métier», indique Alex Lefebvre.
«Je pense que beaucoup d’annonceurs sont en transformation et subissent des pressions, autant financières que structurelles. Inévitablement, ces pressions se font ressentir du côté des agences, qui s’adaptent comme elles le peuvent», ajoute-t-il.
Sans toutefois prétendre avoir révolutionné l’industrie, il croit que c’est la culture d’entreprise offrant l’opportunité aux employés de grandir au sein même de l’agence, qui favorise la rétention de la main d’oeuvre. «Il faut miser sur les humains.»
Le taux de postes vacants a doublé au Québec depuis 2004, passant de 2% à 3,9%, selon la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, ce qui en fait la province la plus touchée par la disette au pays. En cette période de pénurie de main-d’oeuvre, donc, la fidélité des employés s’avère un atout majeur pour les organisations.
«Certaines organisations réussissent à retenir leurs effectifs parce qu’elles font des investissements et des efforts conscients.» – Manon poirier
«Certaines organisations réussissent à retenir leurs effectifs parce qu’elles font des investissements et des efforts conscients pour retenir les gens à l’interne», dit Manon Poirier. Et ce n’est plus strictement la rémunération qui pèse dans la balance. Les mesures de conciliation travail-vie personnelle, la reconnaissance des employés et le climat de travail sont davantage de l’équation.
«Si on sent qu’on se fait traiter comme du bétail, on va voir notre employeur comme un berger, illustre Alex Lefebvre. Et ça prendra une méchante bonne clôture pour contenir tous les moutons.»
Source: Infopresse