Plus de 32 000 préposés recherchés
10 août 2019
Formations payées, généreuses bourses d’études, horaires flexibles et avantages sociaux ; la grande séduction est lancée pour recruter les 32 500 préposés aux bénéficiaires dont le Québec aura besoin d’ici cinq ans.
La pénurie de main-d’œuvre qui frappe de plein fouet le réseau de la santé oblige les établissements à redoubler d’ardeur, car les besoins sont criants et le temps presse.
Seulement dans le secteur public, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) évalue avoir besoin de près de 32 500 préposés aux bénéficiaires d’ici cinq ans, soit environ 6400 personnes embauchées par an.
Actuellement, le réseau public compte 41 500 préposés aux bénéficiaires. Les embauches projetées visent à combler les départs à la retraite, le taux de roulement et à assurer les services à la population, dont le vieillissement s’accélère.
Du jamais vu
Selon la porte-parole du MSSS, Noémie Vanheuverzwijn, c’est la première fois que les besoins sont si grands.
« Il faut être innovant et créatif », lance Antranik Handoyan du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CISSS) de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec.
« Trouver des façons de non seulement revaloriser le travail de préposé aux bénéficiaires, mais aussi de convaincre [les employés potentiels] de venir travailler chez nous », poursuit le directeur adjoint aux ressources humaines.
« Nos besoins dépassent le nombre même de personnes disponibles pour effectuer le travail », ajoute-t-il.
Car plusieurs dirigeants s’entendent pour dire que le travail de préposé a été malmené ces dernières années. De plus en plus d’employés à bout de souffle ont dénoncé les maigres salaires et les conditions de travail pénibles qu’a entraînés la pénurie de main-d’œuvre.
« C’est un cercle vicieux, souffle Sabine Jean-Baptiste, directrice adjointe du Centre de formation professionnelle Bernard-Gariépy à Sorel-Tracy. Les inscriptions ont tellement chuté dans le programme que l’an dernier, le centre n’avait même pas le minimum de 16 élèves pour offrir le cours de préposé », dit-elle.
« Un problème généralisé dans plusieurs centres de formation professionnelle, poursuit Mme Jean-Baptiste. Si nous ne formons pas de préposés, il n’y a pas d’employés », fait-elle valoir. Mais la situation tend à changer.
La pénurie actuelle est si critique que même des centres d’hébergement privés n’hésitent pas à dépenser jusqu’à 15 000 $ par employé pour réussir à recruter à l’international.
Coordonnatrice des ressources humaines au Groupe Santé Arbec, Ginette Emery souligne que l’entreprise doit faire venir huit travailleurs du Cameroun, en Afrique, cet automne. Une démarche coûteuse, mais essentielle.
SOLUTIONS POUR ENRAYER LA PÉNURIE DE PRÉPOSÉS
De plus en plus d’établissements de santé offrent désormais de payer la formation de préposé aux bénéficiaires, en plus de garantir un emploi pendant et après les études.
« On n’a plus le choix de faire ça », souffle Ginette Emery du Groupe Santé Arbec. Sa formation s’offre surtout aux adultes qui envisagent de changer de carrière, mais qui n’ont ni le temps ni l’argent de retourner sur les bancs d’école.
C’est ce qu’a fait la préposée aux bénéficiaires Mélanie Cyr. Âgée de 42 ans et mère de trois enfants, elle ne pouvait pas se permettre de perdre un salaire pendant des mois.
« C’est très difficile [dans les centres privés], car nous sommes incapables de compétitionner avec les salaires offerts dans le réseau public […] La direction a investi des milliers de dollars pour augmenter les salaires, parce que nous n’y arrivions plus », dit Mme Emery.
Poste permanent
Même au public, en Mauricie et au Centre-du-Québec, le CISSS s’est associé depuis un an à des écoles de formation professionnelle pour payer la formation de préposé. Les élèves travaillent en étudiant et un poste permanent leur est promis.
« Les cohortes sont pleines [pour l’année à venir] et c’est du jamais vu dans les trois dernières années », se réjouit Antranik Handoyan.
Ce genre d’initiatives commencent à voir le jour un peu partout, notamment à Québec, où l’expérience a attiré plus d’une centaine d’intéressés.
Le Centre de formation professionnelle Bernard-Gariépy à Sorel-Tracy s’est associé pour la première fois cette année avec le CISSS de Montérégie-Est pour faire la même chose. Le CISSS offre même une rétroaction salariale à l’élève une fois diplômé.
Et l’intérêt est au rendez-vous pour la formation de 870 heures qui commencera à la fin de l’été, dit la directrice adjointe Sabine Jean-Baptiste. Pour aider davantage, le ministère de l’Éducation offre une nouvelle bourse de 900 $ aux élèves qui suivent la formation de préposé aux bénéficiaires.
Moins précaires
Mme Jean-Baptiste ajoute que les CISSS montrent aussi une ouverture quant à la flexibilité des horaires que réclamaient les futurs élèves.
Agent de la gestion du personnel au CISSS de la Montérégie-Est, Benoit Lévesque-Carroll soutient que les CHSLD ont « rehaussé leurs structures » pour éliminer les emplois précaires sur une liste de rappel pour être plus attrayants.
QUEL EST LE TRAVAIL D’UN PRÉPOSÉ AUX BÉNÉFICIAIRES ?
Le préposé aux bénéficiaires donne des soins de base aux patients et veille à son bien-être, sa sécurité et son hygiène.
Il fait partie de l’équipe du personnel infirmier et aide les infirmières auxiliaires, soit en CHSLD ou en hôpital, par exemple.
Il aide les patients au lever, au moment des repas et au coucher.
Il les aide à se laver, à se vêtir ou à se dévêtir et il s’occupe de la literie.
Dans le réseau public, le salaire est de 20 à 22 $/h. Au privé, il se situe davantage autour de 16 $/h.
Source : Avenir en santé
Source: journaldemontreal.com